Wroclawska 47A/8, Krakow, Poland

21 novembre 2006

Comment les Polonais voient-ils la France ?

Un petit sketch passé sur la TV polonaise. Assez facile d'accès même pour les non poloniglotes (ceux qui parlent polonais quoi).

J'adore le coup du "pfehh", très français.

07 novembre 2006

2 novembre en Pologne - premières neiges

Après Cracovie et Oświęcim, je nous ai concocté un petit voyage dans l'est de la Pologne. Destination : Kazimierz Dolny, pour pousser ensuite à Zamość (60 km de la frontière avec la Biélorussie), puis retour à Cracovie, en passant par Lublin. Au total, 14h20 de trajet en train sur 3 jours. Plus un peu de bus pour achever le parcours initiatique de Papa vis à vis des transports en Pologne, il ne manque que les bus privés, ou ce qu'il appelle des taxis collectifs.

Au lever (tres tôt le matin), nous avons eu le bonheur de voir que les prévisions météo sont fiables en Pologne car il neigeait comme prévu. Donc gants, écharpe, bonnet.
Dépassé Kielce, il ne neigeait plus mais à Kazimierz Dolny, qui est un petit village au bord de la Wisla (Vistule), il y avait un petit vent glaçant. Je crois ne pas avoir eu aussi froid en Pologne que ce jour-là.

Le village est mignon mais sans grand intérêt, il doit y avoir des ballades sympa à faire en famille dans les forêts et les vallons environnants. Mais en été seulement. Il y a beaucoup de maisons typiques dont des jumelles sur le Rynek qui sont décorées de reliefs. La Wisla, à cet endroit, a des airs de Loire à cause des bancs de sable que l'on peut voir des rives du village. On peut aussi apercevoir de loin le seul moulin à vent qu'il m'a été donné de voir en Pologne.
En montant au-dessus du village, on atteint les ruines du château d'où l'on a une vue imprenable sur la Wisla.
L'église paroissiale vaut le détour avec son architecture baroque, sa chaire et sa stalle en marqueterie. Cela a inspiré un commentaire de Papa sur la propension des hommes à donner leur richesse
à des divinités, même celle qui leur est indispensable pour bien vivre.

J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de chiens sur le Rynek. Mais le mieux de tout le village, est son kébab à 15 zl (7 à Cracovie...), un vrai moment de dégustation. Par ailleurs, j'ai remarqué une jeune femme qui avait l'air de faire les commissions des commerçants parce qu'elle est toujours entrée pour déposer un quelque chose (journal...) dans les lieux où nous nous sommes rendus (kébab, bars...).

En fin d'après-midi, nous avons repris notre route vers Zamosc, et avons quitté cette ville qui est bien pour faire étape mais qui ne vaut pas d'y faire un voyage uniquement pour elle.

Nos voyages en train ont ravivés certains souvenirs d'enfance chez Papa : les voyages entre Paris et Nice en train de nuit qui prenaient 8h à cause de la loco à charbon entre Marseille et Nice. Puis qui furent réduits à 6h après l'électrification de tout le réseau. Les hamacs qu'on accrochait aux crochets pour les manteaux et où dormaient les enfants. Le bruit de la masse que l'on frappe sur chaque essieu pour vérifier qu'il n'y ait pas de problèmes en hiver (j'ai vu un homme se faire tout un convoi de marchandises comme ça, une fois en République tchèque). En fonction de l'on ne sait quoi, le chauffage fonctionne ou pas dans les trains. Mais le clou reste le décapsuleur intégré à une des tablettes des compartiments, car comme chacun sait les Polonais ne boivent pas que de l'eau (ce sont même des fans de bière blonde).

1er novembre en Pologne - 2 (Cimetières)

Un autre endroit digne d'intérêt en Pologne pour un 1er novembre est le cimetière. Comme en France, la fête des morts du 2 novembre est fêtée le 1er lors de la toussaint.

Kasia, l'amie de François, nous avait mis en garde contre d'éventuels bouchons sur la route, et sur le fait que la Toussaint est le jour le plus meurtrier sur les routes polonaises. Et elle avait raison sur les bouchons, en tout cas partiellement, et surtout aux alentours des cimetières. Car tous les polonais vont en famille autour de la tombe familiale pour honorer leurs morts (et dans certains cas raconter des blagues au-dessus des caveaux pour décrisper l'atmosphère), ou aller voir le Krzyszek (diminutif de Krzysztof), ou le Marek (pour moins faire dans le dramatique).

Les cimetières sont à cette période le seul endroit de Pologne qui fleurit, et le seul à avoir des couleurs vives à cette période de l'année. Papa a remarqué qu'ils avaient des sortes de chrysanthèmes en forme de boules de neige, chose à laquelle je n'avais jamais prêté attention.
Ce que j'ai remarqué de mon côté, c'est qu'il n'y a pas ou peu de tombes non fleuries.

Tout le monde converge vers le cimetière, que ce soit en voiture ou à pied. Les piétons créant des embouteillages au niveau des passages cloutés. Et chacun apportant ses fleurs et ses bougies contenues dans des récipients en verre teintés pour protéger la flamme du vent. Et si on vient les mains vides, il y a suffisamment de petites échoppes sur le trottoir du cimetière pour ne pas passer la porte du cimetière les mains vides. D'ailleurs, c'est hallucinant tout le business qui se crée autour de cet évènement, et ce que les gens qui vendent des bougies arrivent à se faire en salaire sur une journée.

Mais le mieux dans tout cela, reste le soir quand la nuit est tombée. Le cimetière devient un lieu féérique où brillent mille lumières de différentes couleurs. Le cimetière en Pologne, un premier novembre, est un lieu de vie...

1er novembre en Pologne - 1 (Auschwitz)

Pour le premier novembre, nous sommes parti avec Papa et un ami français François dans un cimetière géant. A savoir Auschwitz... Lieu de circonstance si on peut dire ça comme ça.

Bref, durant cette journée durant laquelle pluie, soleil et vent glacial ont eu tour à tour leur place, nous avons visité les 2 camps.
Auschwitz I : petit et aménagé en musée où se déroulaient les expérimentations des chambres à gaz.
Auschwitz II - Birkenau : le camp de concentration à proprement parler, celui qui est le plus connu et dont la fameuse porte de la mort marque l'entrée (elle est d'ailleurs plus petite que l'on peut se l'imaginer dans les films).

Pour moi, il s'agissait de la seconde visite de Birkenau et la première du camp I. Donc les impressions et les émotions ont été moins fortes que lors de la première fois il y a presque deux ans, même si ça ne m'a pas empêché de serrer les mâchoires pendant la visite. Pour Papa, l'effet a été plus marqué. L'ampleur du massacre ou mass murder impressionne, ainsi que l'organisation minutieuse que cela révèle. Comme dit Papa, "aucun doute, ils savaient ce qu'ils faisaient".
Et tant qu'on n'a pas visité, on ne s'imagine pas pleinement ce à quoi les images que l'on voit dans les films renvoient. Lors de notre visite, nous avons croisé beaucoup de groupes d'Israéliens qui faisaient leur pèlerinage sur les lieux de la Shoah.

Plusieurs choses sont à noter en plus de ces quelques impressions, ce que l'on visite dans le camp II sont des baraques, coquilles vides
qui abritaient des centaines de malheureux. Il ne reste plus grand chose des crématoires et des chambres à gaz. Peu de photos sont exposées, si tant est qu'il en existe encore beaucoup. On ne peut donc que faire fonctionner ses méninges, et s'imaginer ce qu'était le camp en fonctionnement, en hiver, dans la boue et la neige, sous le vent, avec ses cortèges de trains, ses barbelés, ses SS, les kapos qui relayaient la terreur ou au contraire qui jouaient un rôle protecteur, la promiscuité, la fatigue des travaux forcés, la maladie et la mort omniprésente par l'odeur des fumées des fours crématoires.

Le camp I est quant à lui, aménagé comme un musée. Il rassemble plus de documents et d'objets. Ainsi pêle-mêle, sont entassés prothèses, cheveux, chaussures, valises... et boîtes de Zyclon B vides. D'ailleurs, on peut visiter une chambre à gaz, mais qui perd son côté sinistre à cause de la file des touristes qui attendent de passer dans la salle des fours crématoires pour se faire photographier devant.
Chaque pays gros pourvoyeur de victimes a son exposition dans un baraquement. On voit ainsi dans le baraquement des Pays-Bas qu'un train partait tous les 3 jours de Hollande pour la Pologne déchargeant alternativement tel ou tel camp de concentration ou d'extermination.
L'avantage de la présentation générale du camp est que les faits sont présentés sans fioritures et de façon neutre (sans sentiments de haine derrière). On apprend aussi que la résistance polonaise a été assez active pour essayer de garder le contact avec l'intérieur du camp, favoriser les évasions (peu nombreuses), apporter autant de réconfort que possible aux prisonniers.
Le musée cherche à replacer les lieux de vie des détenus, et à donner une vue sur les conditions de vie. On voit plus de photos dont plusieurs galeries de portraits dont certains sont fleuris. Il y a donc un hommage constant des victimes.

L'entrée des camps est gratuites, seules les toilettes sont payantes...

Pour finir, une réflexion qui m'est venu en voyant les guides du musée à Auschwitz I : je n'aimerais pas à avoir à faire la visite tous les jours voire plusieurs fois par jour, même en étant payé pour ça. On ne se rend pas compte à quel point le métier de guide ne doit pas être si facile tous les jours...

01 novembre 2006

Impressionné comme un touriste / Blazé comme un habitant

Les gens qui viennent en voyage du côté de chez moi (ils ne sont pas nombreux) me donnent a réfléchir sur ce qui m'entoure. Ce qui est nouveau pour eux, n'est pour moi qu'une banalité... L'habitude rend les choses communes et normales à l'habitant tandis qu'elles prennent un caractère extraordinaire pour le touriste de passage. Même si j'ai eu droit à cette double expérience à Cracovie, je ne me souviens plus vraiment de mes impressions (à part la Saint Sylvestre). Mes invités sont donc une opportunité de confronter ces deux vues.

Après le passage de Renaud en juillet, je m'étais dit qu'il fallait que je consigne ses remarques et y donne réponse. Les vacances sont passées par là... Affaire sans suite.

Aujourd'hui, Papa est de passage pour la semaine (une grande nouvelle quand on sait à quel point il est difficile de le faire sortir de ses frontières). Et je reprends donc cette idée.

Qu'est ce qui l'étonne : l'odeur. En effet, loin de sentir les égouts ou les ordures, Cracovie a une petite odeur particulière : cette ville sent le charbon. Une grande partie de la ville est chauffée au charbon (même si un grand nombre de bâtiments utilise le gaz de ville). Cela donne une odeur particulière, et aussi explique le noir de beaucoup d'immeubles.
Il y a un autre élément important : cela rappelle à Papa son enfance à Trappes quand il habitait à côté du dépôt des locomotives.

Les petits métiers, et surtout le commerce. Cracovie est plein de personnes vendant, au milieu de la rue, de tout et n'importe quoi pour vivre. Ca passe par le precel (pain-bretzel), le fromage fumé des montagnes, par bien d'autres choses.
Les commerces n'ont pas forcément pignon sur rue, par conséquent, il arrive fréquemment qu'il faille entrer dans une cours pour atteindre un magasin. Et le bouche à oreille joue un rôle considérable dans la connaissance de ces magasins que l'on trouve au bout d'un couloir. Par exemple, je suis passé 6 mois devant un passage sans jamais savoir qu'au bout, il y avait un magasin de matériel de montagne, avant qu'on me l'indique... Les magasins ont, à ce moment-là, à leur disposition une clientèle relativement fidèle qui connaît le lieu et peut le conseiller.
Les prix ne sont pas affichés en vitrine.
On se demande de quoi vivent certains commerces, comme le gars qui tient ses toi-toi (les Wawa), et doit faire une bonne journée s'il a plus de 2 clients.

La beauté et le nombre des églises. Cf. mon post sur le sentiment religieux en Pologne. Jean-Paul II est un peu partout dans les vitrines des magasins dans le centre-ville. Et il est fréquent de voir pendre en dessous du rétro une croix ou de voir une icone sur le tableau de bord des bus. Un des chauffeurs de bus que je prends plus ou moins régulièrement met des chants religieux diffusés par la radio, le matin à 8H00... ambiance.

Les classes sociales : les vieux, la classe moyenne, les très riches (rares qui le montrent bien), les jeunes.

La différence d'ambiance entre Kazimierz (le quartier juif) et le reste de la ville.

Le respect mutuel (tout relatif quand même) les automobilistes et les piétons, et
entre les gens plus généralement. Il faut admettre que les automobilistes et les piétons ont une attitude relativement intelligente : on s'insère quand cela ne prête pas trop à conséquence vis-à-vis du reste de la circulation que ce soit pour les piétons que pour les automobilistes. Un sens qui serait perdu en région parisienne ou c'est du chacun pour sa gueule ?

Les ambulances. Les sirènes font un boucan d'enfer et s'entendent de loin. Ce qui est impressionnant est d'être en voiture, lorsqu'une ambulance passe : les automobilistes ralentissent pour savoir de quel côté vient l'ambulance, et ensuite lorsqu'elle est localisée, tout le monde s'écarte pour laisser le champ libre au véhicule prioritaire.

Pour finir pour aujourd'hui : la Pologne (Cracovie en tout cas) rappelle à Papa, la France des années 1955-60. A moi... rien, j'y vis et c'est déjà ça, France des années 1955-60 transposée en Pologne ou pas.