Wroclawska 47A/8, Krakow, Poland

20 août 2007

Wesele w Polsce / Mariage en Pologne (Partie 2)

Après minuit commencent les jeux et autres animations. Le rôle du gentil animateur revient au chef du groupe de musiciens (normal, c'est lui qui a le micro). Donc dans l'ordre ou le désordre, des animations qui ne diffèrent pas spécialement de ce qui se passe en France (tout dépend de l'ingéniosité et de la créativité du GA), sauf qu'il y a une bouteille de vodka à gagner à la fin de chaque épreuve.

On aligne 5 chaises en face de 5 autres, et les mariés doivent choisir dans leurs familles 3 hommes et 2 femmes pour former 2 équipes qui s'affronteront. Le GA attribue ensuite les rôles : le père, la mère, le fils Jacek, la sœur Zosia, et le chien Azor. Ensuite le GA raconte une histoire à propos de la famille, du chien qu'on ne retrouve pas, qu'on appelle... Un vrai trésor de créativité ;). Et à chaque fois que le GA prononce le nom d'une personne (ex : Azor), la personne doit faire le tour des chaises et revenir s'assoir à sa place. Le rôle le plus sportif est bien sûr cela d'Azor parce qu’on n’arrête pas de parler du chien. Ce rôle était attribué au témoin du marié et à un autre compère du côté de la mariée, les 2 ayant un peu de gras, quelques chaises ont valsé...

Autre attraction, la chaise musicale... version polonaise. 5 chaises, 5 hommes assis dessus (les hommes ont le rôle le plus dur dans l'histoire ;)) et 6 femmes qui tournent autour des chaises et doivent s'assoir sur les genoux du premier homme venu. Celle qui ne trouve pas sa paire de genoux est éliminée et emmène avec elle un homme et sa chaise. Quand arrive le moment où une seule chaise et homme est disponible pour 2 femmes, on place la chaise et l'homme à 5 mètres des 2 dernières concurrentes, et quand la musique s'arrête les 2 concurrentes doivent se ruer vers les genoux du Monsieur. Cette dernière partie a été la plus marrante parce que l'une des 2 demoiselles s'est comportée en vraie harpie en usant des ongles et de sa force pour gagner le trophée.

Après cela, une petite épreuve pour les hommes, pour ne pas les laisser en reste : la course aux chaussures. Il s'agit pour 5-6 hommes de se ruer vers toutes les dames et leur demander leurs chaussures. Quand la musique s'arrête, on compte la collecte, et celui qui en a le plus, récupère la bouteille de... vodka. Je vois qu'il y en a qui suivent et commencent à comprendre à quoi les polonais carburent. La difficulté de cette épreuve est de devoir expliquer la situation aux dames parce que les instructions ne sont données qu'aux concurrents.

Chose qui apparemment ne se fait pas dans toutes les régions de Pologne : le lancer de voile et de cravate. La mariée puis le marié s'assoient sur une chaise et une ronde se forme autour composée des célibataires du même sexe. Et à un moment donné, la/le marié(e) lance le trophée et celui l'attrape n'est pas le prochain marié comme le voudrait la tradition française, mais les personnes qui attrapent doivent danser ensemble dans une ronde (avec tout le monde) et porter le voile ou la cravate jusqu'à la fin de la noce.

On enchaîne sur une ronde dans laquelle 2 personnes (homme et femme) se baladent dans son centre avec un mouchoir, et ils choisissent une autre personne, étendent le mouchoir par terre, s'agenouillent dessus et s'embrassent. La personne embrassée prend la place au centre et refait le coup du mouchoir à une autre personne...

Dernier évènement à relater, la jarretière à la polonaise. En France pour gagner un peu d'argent, les mariés mettent la jarretière de la mariée aux enchères. En Pologne, les témoins s'assoient avec une corbeille, et s'ouvre un tour de danse payante avec les mariés. Pour danser avec le marié, on donne de l'argent au témoin, et pour la mariée, on donne au témoin. C'est la queue pour les 2 et chacun a droit à environ 3-4 pas. Le tour de danse fini, on compte l'argent et celui des 2 qui a récolté le plus est censé être responsable de la caisse dans le couple... Dans ce couple, ce sera le marié.
Je trouve cette tradition très sympa car cela donne l'occasion à chacun de danser avec les mariés tout en les aidant sur un plan financier, par contre, je pense que ça ne doit pas être simple de changer de partenaire de danse toutes les 30 secondes.

Le reste de la soirée est faîte de danses, discussions comme dans n'importe quelle fête.

Les mariés au départ des convives offrent à chaque famille une bouteille de vodka et des gâteaux en guise de dragées.

Et enfin le retour dans la chambre... partagée avec 4 autres personnes. En arrivant, on réveille la seule personne qui n'est pas allée jusqu'au bout de la fête. Arrive dans notre dos, le témoin qui annonce que la soirée n'est pas finie, il compte les têtes et revient 10 minutes plus tard avec une bouteille de vodka et 6 verres. Entre-temps, j'ai pris ma place dans un lit et fait semblant de dormir, parce que pas question de boire une bouteille de vodka à 5 à 5 heures du matin. Les compères vident la bouteille à une heure en discutant de tout et de rien, surtout de rien (les arbres, les trains et autres sujets philosophiques).

A 6h, la bouteille est vide, c'est l'heure de dormir, le témoin s'installe dans un lit qui n'est pas le sien, prend toute la place (avec ses 110-120 kg), et annonce à la chambrée "je vous préviens, je m'endors rapidement, bonne nuit", 2 respirations plus tard, il est en train de ronfler tout habillé avec encore les chaussures aux pieds.
Quelques heures plus tard, le gars qui partage son lit, le pousse pour avoir de la place (il est collé au mur avec la place de ses épaules pour seul espace). Peine perdue, 2 secondes plus tard, Gruby (gentil surnom du témoin) se retourne et revient à sa place. Le gars n'en peut plus et se lève, cela a le malheur de réveiller Gruby qui commence à gueuler en réveillant la chambrée. Ils s'expliquent sur le fait de laisser de l'espace et lequel... Gruby argumente qu'il a laissé 20 cm en se poussant, l'autre lui répond qu'il s'agit de 2 cm. Que du bonheur à 7 ou 8h du matin après la fête...
Au final, Gruby se lève à 9h et sort de la chambre pour faire on ne sait quoi.

Le lendemain, ou plutôt quelques heures après, nous nous faisons réveiller par les copines des comparses à qui on raconte la nuit. Grands éclats de rire.

Le lendemain de mariage, les gens se remettent de la veille en buvant... de la vodka, bah oui, il faut terminer les bouteilles. On commence plus tard les réjouissances, mais les polonais boivent toujours pareil... Les départs commencent, une fois le repas terminé. Pour notre petit bonheur personnel, le témoin ne se sentait pas très bien après la noce de la veille. On ne comprend pas pourquoi.

Wesele w Polsce / Mariage en Pologne (Partie 1)

Je viens de voir que je n'ai rien écrit depuis février. Autant dire que ça commence à faire. Depuis ce temps, j'ai visité pas mal de choses. Malheureusement, vu à la vitesse à laquelle va le temps, je n'ai ni pris réellement le temps de prendre du recul, ni de vous rapporter les anecdotes que j'ai pu rassembler au quotidien ou lors de mes déplacements.

Donc séance de rattrapage aujourd'hui. Je sors d'un mariage à la polonaise, et il y a matière à raconter... Par quoi commencer ? Peut-être par les basiques « qui », « comment », « où »...
C'était le mariage d'un couple d'amis de Kasia, elles habitaient ensemble durant son stage à Skawina. Lui est officier dans les radars. Le mariage avait lieu à 2h15 de trajet au nord est de Krakow sur la route de Sandomierz dans un village appelé Chotel Czerwony - prononcé rhotel tcherwoné -, et la salle des fêtes était après un panneau indiquant Chotelek (un autre village) à 1 km. Pour la blague, hôtel se prononce rhotel, d'où certaines confusions assez marrantes où il est question d'aller à la salle des fêtes qui fait aussi office d'hôtel au départ de Chotel Czerwony, et de s'arrêter après le panneau Chotelek (et non hotel)... et comme on se trouve au milieu de nulle part, avec uniquement les vaches et les chiens pour renseigner sur le chemin, il y a quelques petites pointes de stress pour le conducteur (c'est pas moi, donc pas de soucis ;) ).

Pour le comment, j'ai eu un gentil rôle d'observateur puisqu'à part les mariés, je ne connaissais pratiquement personne. Et j'étais aussi très curieux de savoir comment les polonais se marient, sachant la valeur que cela a pour eux, et connaissant la réputation qu’ils donnent à leurs noces (c'est-à-dire une belle beuverie).

Donc après la préparation typique à l'hôtel, dans une chambre partagée (élément important pour la suite), on se rend tous à la maison de la mariée. Tout le village attend le passage de la voiture pour saluer les (futurs) mariés. Le cortège prend forme après la voiture. Au bout d'une bonne centaine de mètres, grand coup de frein. Toute la colonne s'arrête. Qu'est-ce qui se passe ? On suppose qu'il s'agit d'une Bramka, c'est à dire d'une petite porte. Il s'agit d'une tradition, qui consiste à arrêter les (futurs) mariés sur le chemin de l'église et d'obtenir comme droit de passage une flaszka (une bouteille de vodka). Les négociations sont faîtes par le témoin du (futur) marié. Une fois l'affaire réglée, le cortège repart. Il est possible d'avoir plusieurs Bramka à passer. Il est de la responsabilité du témoin de prévoir assez de bouteilles de vodka pour gérer l'arrivée du jeune couple à l'autel.

Sur le chemin de l'église, nous avons dépassé un homme 40-50 ans assez alcoolisé, qui a dû rater la possibilité de faire une porte... Il a pris la peine de faire le déplacement jusqu'à l'église pour assister à la cérémonie. Le pauvre homme n'était pas de toute beauté (faciès d'alcoolique) et n'était pas spécialement bien habillé, ce qui a ajouté au personnage.

Un rappel, le mariage se fait uniquement à l'église, le curé s'arrange pour régler les formalités auprès de la mairie, ou s'il y a une cérémonie à la mairie (ce qui aux dires des personnes avec qui j'en ai discuté est très rare), sont uniquement présents les mariés, les témoins et les parents.

A l'église, les (futurs) mariés entrent ensemble. Une partie de l'assemblée est déjà assise. L'autre partie suit les mariés et s'installe. Je ne sais pas s'il y a réellement des dispositions spéciales, à savoir si tout le monde doit normalement rentrer avant les mariés comme en France. Comme il s'agissait d'un militaire qui se mariait, une haie d'honneur accompagnait les (futurs) mariés. Point intéressant, les épées ont été distribuées par le chef de corps avant la formation de la haie.


Ensuite, la cérémonie a été étonnement courte : 45 minutes. Avec à la clé, 2 lectures, un évangile, une prêche, une communion (à la polonaise, c'est-à-dire comme en France, il y a 40 ans : seuls les confessés ou ceux qui se sentent purs y participent), et le mariage en lui-même entre les 2. J'ai été très étonné du caractère rapide de toute la cérémonie : pas d'échanges de vœux, la répétition du texte "Moi, X, je te prends pour épouse devant Dieu, pour le meilleur et pour le pire" (traduction non exacte) dicté par le prêtre, et pas de "vous pouvez embrasser la mariée". Une impression de passer à la mairie… Par contre, on a été gâté d'un Ave Maria en polonais chanté par une voix d'homme (j'ai souvent entendu une voix de soprano l'interpréter... Ou alors, j'ai trop souvent écouté la Callas).

A la sortie de l'église, le couple est passé sous la haie d'honneur, arrêté par les sabres du dernier rang, pour permettre au chef de corps de signifier à la mariée son engagement avec un militaire et ses meilleurs vœux à tous les deux. Après cela les sabres se lèvent, dont un s'est accroché à la robe de la mariée qui est devenue blanche un court instant (la mariée, pas la robe, elle l’était déjà). La haie franchie, les mariés ont eu droit au traditionnel lancer de ... groszy (centimes de Zloty). Bien sûr, les polonais ne lancent pas les pièces de monnaie à la figure des gens, comme on fait avec le riz en France, parce que ça pourrait blesser. Ensuite, les jeunes mariés doivent en ramasser le plus possible. Il s'agit d'une tradition pour souhaiter bonne fortune au foyer qui vient de se créer.
Puis s'organise la queue pour souhaiter les vœux et donner les présents aux mariés. En général, c'est un bouquet de fleurs, et 2 enveloppes, dans l'une, une carte de vœux, dans l'autre de l'argent. Il peut y avoir une variation avec des cadeaux à la place de l'enveloppe.
2 choses sont à noter : premièrement, les convives entrent dans l'église avec leurs présents et bouquets de fleurs. Cela crée des situations rocambolesques quand il s'agit de s'agenouiller pour la communion (le passage durant lequel en France, on baisse la tête à la présentation de l'hostie et du vin de messe). Deuxièmement, quand les convives donnent les présents et les fleurs, cela transite ensuite automatiquement vers les bras des témoins qui se tiennent derrière les mariés. On pourrait rajouter qu'on retrouve ces fleurs dans des grandes bassines à la salle des fêtes ensuite, ce qui dénote avec les très belles fleurs de lis disposées dans les couloirs.
Et j'en profite aussi pour terminer l'anecdote du pauvre bougre qui avait loupé l'occasion de faire une porte. Durant toute la cérémonie des vœux, il s'est tenu de côté en riant de l'on ne sait pas quoi et en marmonnant, nous nous sommes demandé s'il attendait lui aussi de souhaiter ses vœux. Au final, on ne le sait pas parce que nous sommes partis vers la voiture avant la fin, mais pour sûr, il apparaîtra en arrière-plan dans les images de la vidéo du film.

Après cela, retour à la salle des fêtes (maison des mariages en polonais), où tout le monde attend les mariés. Quand ceux-ci arrivent, au moment d'entrer, ils se voient offrir quelque chose par leurs parents et beaux-parents. Selon ce que l'on m'a rapporté, il y a plusieurs variantes : du pain, de la soupe... Dans ce cas, il s'agissait de vodka versée dans des verres reliés par une chaîne et remplis tour à tour par les pères, une fois vidés, ils sont jetés dans le dos par les mariés. Une fois entrés, les convives sont invités à prendre une coupe de vin (blanc ou rouge), qui est avalée d'un trait après avoir chanté un "Sto Lat" (cf. un de mes précédent post) et un autre chant pour leur souhaiter du bonheur pour la vie.

Tout le monde s'installe, et l'orchestre, pièce centrale de la fête, commence sa prestation (qui finit à 5h du matin, avec, bien sûr, des pauses pour qu'ils se restaurent eux aussi, car ils ont droit aux repas comme n'importe quel convive). Viennent la soupe (Rosol) et le 2e plat (roladka, pommes de terre à l'eau et choux blancs et rouges), avalés en quatrième vitesse... Il est 19h30-20h. On arrive à la pièce montée (cas spécifique car elle est généralement à 00h), et le repas est terminé. Arrive le moment de boire. Bien sûr, il ne faut pas se faire d'illusions, les polonais ne boivent pas le ventre vide, il y a sur la table une quantité impressionnante de salades (de choux), de charcuterie, de fromage, de fruits, du pain, des gâteaux... Et sont servis vers 21h, des kluski (sortes de pierogis, spécialité de Silésie) et des morceaux de porc.

Qui dit boisson et nourriture, dit exercice et concours de chants... Donc après la pièce montée, commence la danse, faîte de beaucoup de rondes, et ensuite de rocks... Il est, d'ailleurs, impressionnant de voir le niveau de danse des polonais (en tout cas si j'en juge par les exemples que j'ai vu) qui est très élevé, même parmi les jeunes. D'autant plus que certains arrivent à maintenir la classe et la maîtrise des pas même après avoir vidé l'équivalent d'une bouteille. Ils deviennent juste pâles. Même après 2 ans, je reste toujours surpris par cette capacité à tenir l’alcool qui avait fait dire à Napoléon pour ses Grognards : « vous pouvez boire, mais buvez comme des polonais » (donc soyez prêts aux combats le lendemain).
Pour ce qui est du chant, il y a d'abord un appel au bisou, comme le coup des verres dans notre famille. Suivi d'un appel à boire. Et après, les anciens chantent les couplets interminables de cette chanson... 3 ou 4 d'entre eux, ont réussi à tenir en chantant l'un après l'autre jusqu'à 1h du matin... avec quelques pauses quand même. Et comme de bien entendu, ce ne sont pas ceux qui savent bien chanter qui le font... En tout cas, on a bien rigolé car après un "silence", on est toujours étonné de voir reprendre la chanson, et aussi parce que les paroles sont marrantes (pour ce que j'ai pu en comprendre), ex. : "Buvez jeunes mariés, ça vous aidera à faire des enfants, voyez, moi, je n'ai pas assez bu et je suis sans enfant.".

Je m'arrête là pour le moment, car je crois en avoir déjà écrit beaucoup, et il est l'heure d'aller dormir pour récupérer. A bientôt pour la suite, et la partie (selon moi) la plus intéressante des Wesele (noces).