... il n'y a qu'un pas, puis un autre, et encore un autre... Et ainsi de suite jusqu'à la gare et au train. Puis 4h de train et enfin quelques pas pour sortir du train.
Et enfin ! Après dix mois passés à habiter sur Wroclawska (la rue de Wroclaw, NDR), je suis à Wroclaw ! Où je passe le week-end en compagnie d'un jeune couple franco-polonais, François et Kasia (pour Katarzyna).
La ville a, comme beaucoup d'endroits en Pologne, principalement deux influences architecturales : germanique et soviétique. Car entre Breslau, la ville allemande durant 100 ans, et Wroclaw, la ville polonaise reconstruite par les soviétiques, il n'y a qu'un pas.
Et pour éviter de s'emmêler les pieds dans les fils de l'Histoire, encore une petite leçon d'histoire-géo. La Pologne a vu ses frontières évoluer de manière radicale au fil des siècles occupant un territoire immense allant du Dniepr (à l'est) à l'Oder (à l'ouest), et de la Lettonie (au nord) à la Slovaquie (au sud), ou n'occupant aucun territoire en son nom propre... Du fait de sa position "centrale" en Europe, ne bénéficiant pas de frontières naturelles (sauf des montagnes au sud), et étant coincé entre deux "gros" voisins (l'Allemagne et la Russie), la Pologne a eu droit à son compte d'invasions, occupations et autres dépossessions de son territoire.
Par conséquent, Wroclaw a fait partie du territoire de la Prusse, et a été rebaptisée Breslau pour la circonstance. Et quand la ville est redevenue polonaise, elle a repris son nom d'origine (d'ailleurs, il est déconseillé de parler de Breslau à voix forte).
Durant la guerre, la ville n'a pas été épargnée par les combats acharnés livrés entre allemands et russes. De ce fait, une bonne partie de la ville date des années 1950-1960. Et grâce à cela, sur la belle et grande place du Rynek trône un ou deux bâtiments horribles qui cassent l'ensemble architectural.
Malgré cela, la ville est très belle, même si je préfère Cracovie. L'hôtel de ville et l'université Jagiellonski (une des plus ancienne de Pologne) sont deux bâtiments très intéressants à visiter. L'université à cause d'une salle de cérémonie dont les peintures ont été épargnées, l'hôtel pour ses sculptures moyenâgeuses dont une représentant un homme qui revient à la maison, et une autre représentant sa femme qui prépare son sabot, avec en dessous, des formes humanoïdes buvant tandis que des chiens de garde se battent.
Autour du Rynek, les fiacres sillonnent la vieille ville pour les touristes, comme à Cracovie. Mais comme l'a fait judicieusement remarqué un de mes compagnons, à Cracovie, il y a 2 chevaux... Pour continuer dans la fierté, bien placée, que l'on peut avoir de sa ville, on a trouvé des importations de produits typiquement cracoviens : les precel, sortes de pain-bretzel très consistant et que l'on ne trouve qu'à Cracovie... et à Wroclaw, apparemment.
Un autre endroit intéressant à visiter est le panorama de Raclawice. Je me disais "bon on va se retrouver dans un parc et avoir une vue sur la vieille ville, ça ne vaut peut-être pas le coup". Et puis en arrivant, je me dis "mais il est où le parc ? Et c'est quoi cette horreur en béton qui est au milieu de la place ? Et en plus, c'est là où on va ?!". Et finalement, entré dans le bâtiment, on achète nos tickets, et on attend notre tour de visite guidée. On passe un souterrain dans le noir. Je me dis qu'on va voir un film sur écran 360° présentant je ne sais pas quoi... et je ne suis pas tombé loin car le panorama est en fait une toile de peinture de 360° à laquelle sont ajoutés des éléments de décorations qui prolongent la toile et ancrent la scène dans le monde réel. La peinture en question est une représentation de la bataille de Raclawice, une victoire sur les russes d'un mouvement insurrectionnel polonais conduit par le général Kosciuszko en 1794.
L'intérêt de cette bataille tient à sa valeur symbolique, à savoir que même en infériorité numérique, il y a toujours la possibilité de gagner. Et c'est vrai que les polonais ont une certaine capacité à traverser les épreuves (et Dieu sait qu'ils en ont eu) et à toujours garder l'espoir. C'est une énorme force de caractère, et une grande source d'admiration. Et de ce que j'ai pu en voir, sans en faire une généralité, ils traversent les épreuves avec dignité. Même s'ils ont encore à travailler la dignité dans l'alcool...
Bref, passé le couplet patriotisco-nationaliste des commentaires audio, cette toile est aussi très intéressante pour ses dimensions physiques (15 x 114m) et son histoire. A l'origine, elle était exposée dans la ville de Lvov, actuellement en territoire ukrainien. Et comme beaucoup des possessions polonaises de Lvov, elle a été transférée à Wroclaw, mais à fait l'objet d'une non exposition publique jusqu'en 1985 à cause du caractère "agressif" du sujet par rapport à "l'ami" russe, représenté en envahisseur.
Sinon, il y a quelques petites îles sur l'Oder. Ou encore le zoo de Wroclaw qui abrite des tigres blancs. Ce zoo a été fondé par un couple qui animaient une émission télévisée équivalente à 30 millions d'ami avec Bougrain-Dubourg... ça je le sais à cause de Kasia, qui rappelons-le, nous a tanné tout le week-end pour aller au zoo, où on n'a pas pu se rendre faute de place dans le bus (qui était franchement plein à craquer). Ou encore le jardin japonais.
Donc, un petit week-end agréable ponctué d'une soirée en compagnie de VIE du crû qui ont eu la bonté de nous montrer les bonnes adresses dont une cour où il n'y a que des clubs. Mais attention, pas des night-clubs qui ne sont rien d'autre que des bars à p***s en Pologne (faut se méfier des faux amis). On eu aussi l'occasion de visiter le bar d'un ami cracovien de Kasia, meublé avec une commode d'époque. Là se jouait un concert privé d'amis de l'ami, en l'honneur de Zenon, un gars énorme (un cou qui doit faire mes 2 jambes réunies). Et nous avons eu droit au traditionnel Sto lat !, une chanson sur laquelle il faut que j'écrive un de ces jours.
J'oublie des choses mais je crois qu'il y a déjà de quoi faire en lecture... hein Mireille ? ;-)