Le sentiment religieux en Pologne
Qu'est ce que le sentiment religieux en Pologne ?
Formulation sûrement maladroite pour parler de la grande foi qui existe en Pologne. Et spécialement dans la terre de Jean-Paul II, car Cracovie n'est qu'à 40 Km de Wadowice, patrie du Pape défunt (que les polonais appellent "Notre Pape"). Pour l'anecdote, l'aéroport de Cracovie, situé dans le village de Balice s'appelle Balice - aéroport international Jean-Paul II.
Pourquoi aborder ce sujet ?
A cause du nom de l'aéroport... Plus sérieusement, parce que la Pologne actuelle est composée à 98% de catholiques pratiquants. Les 2% restants sont des orthodoxes, protestants et juifs, plus une toute petite poignée d'athées. Ces statistiques varient légèrement selon les sources mais la tendance reste la même, à savoir une majorité écrasante de catholiques pratiquants (dernier point à souligner, car en France, selon les statistiques 55% de la population est non pratiquante, et 75% de la population est croyante).
On peut trouver les raisons de cette forte homogénéité religieuse dans le peuplement de la Pologne. Car bien que la Pologne soit au départ très hétérogène en terme de population à cause de son histoire pré-1939-1945 (entre invasions, vagues de peuplement et élasticité des frontières...), ce pays est maintenant très homogène : que des blancs dans la rue, c'est un peu différent du RER Paris gare du Nord-Cernay...
En effet, après la deuxième guerre mondiale, de grands mouvements de population en Europe centrale et en Europe de l'est ont eu lieu afin de recréer des Etats-nations ou Etats-peuples. De ce fait, des populations entières ont été replacées dans les frontières européennes nouvellement redéfinies. Ainsi, beaucoup d'Allemands de la Pologne actuelle ou encore de République tchèque ont été déplacés sans qu'on leur ait demandé leur avis, considérés comme les responsables des horreurs qui ont eu lieu durant 6 ans. Des milliers d'individus traversant des milliers de kilomètres, laissant tout derrière eux...
Par ailleurs, l'Holocauste, puis la création de l'Etat d'Israël dans une moindre part (qui a induit un flot de migrations de l'Europe centrale vers le Moyen-Orient) ont réduit la population juive à presque rien, alors que la Pologne était le pays européen abritant la population juive la plus importante (due à sa tolérance et sa non persécution de ce groupe).
Au delà du facteur peuplement, il ne faut pas oublier la relation de la Pologne à l'église catholique romaine durant les siècles. La Pologne est un des seuls pays slaves à s'être converti au catholicisme et à avoir reconnu l'autorité de l'Eglise romaine. Ce qui a entraîné l'adoption de l'alphabet latin et non cyrillique entre autres influences.
Cette relation s'est ensuite renforcée durant la guerre froide quand les communistes cherchaient à réduire l'impact de la religion dans l'URSS. Par esprit de résistance et aussi pour trouver de l'espoir dans les moments difficiles, les polonais se sont encore plus impliqués dans le phénomène religieux. Puis octobre 1978 est arrivé. Et avec lui, un nouveau pape, le premier pape slave : le fameux Karol Wojtyla, Jean-Paul II ou Jan Pawel II. Les polonais se le sont appropriés et sont allé encore plus loin dans leur dévotion autant vis à vis de Dieu que vis à vis de "leur" Pape.
Ainsi, aujourd'hui, la Pologne est très pieuse et très catholique, presque trop. Car c'est souvent un catholicisme "fondamentaliste" très attaché à la parole du Saint Père. C'est le cas pour les croyants, pour le clergé, c'est une autre paire de manches car il est souvent accusé de collusion avec le monde politique (voir le cas de Radio Maryja, connue en Pologne pour son prosélytisme, antisémitisme et son directeur).
Rappelons aussi qu'il n'est pas rare quand on parle avec un polonais de se voir poser la question suivante : "es-tu catholique ?", ou "est-ce que tu vas à l'église ?". Cependant, d'après les discussions que j'ai pu avoir avec des polonais de ma classe d'âge, il s'agirait maintenant plus d'une pression sociale que d'une croyance pure et dure. Ce qui ne m'a pas empêché de voir des polonais bons bringueurs refuser de boire à cause du carême, et aller se coucher avant minuit un vendredi ou un samedi soir.
Pour conclure, on peut dire que le sentiment religieux en Pologne est fort. Surtout dans les générations de plus de 25 ans, mais que la tendance est à se détourner du religieux comme c'est le cas dans une bonne partie de l'Europe occidentale. Mais que l'on se rassure, il y aura encore beaucoup de petits communiants en auges blanches à la sortie des églises en avril-mai pendant de nombreuses années. Et malheureusement, Radio Maryja risque encore de profiter durant un certain temps d'un auditoire relativement large... en tout cas jusqu'à la fin de la présence au pouvoir du PiS ou tout autre parti populiste pouvant soutenir ce genre de média.
Formulation sûrement maladroite pour parler de la grande foi qui existe en Pologne. Et spécialement dans la terre de Jean-Paul II, car Cracovie n'est qu'à 40 Km de Wadowice, patrie du Pape défunt (que les polonais appellent "Notre Pape"). Pour l'anecdote, l'aéroport de Cracovie, situé dans le village de Balice s'appelle Balice - aéroport international Jean-Paul II.
Pourquoi aborder ce sujet ?
A cause du nom de l'aéroport... Plus sérieusement, parce que la Pologne actuelle est composée à 98% de catholiques pratiquants. Les 2% restants sont des orthodoxes, protestants et juifs, plus une toute petite poignée d'athées. Ces statistiques varient légèrement selon les sources mais la tendance reste la même, à savoir une majorité écrasante de catholiques pratiquants (dernier point à souligner, car en France, selon les statistiques 55% de la population est non pratiquante, et 75% de la population est croyante).
On peut trouver les raisons de cette forte homogénéité religieuse dans le peuplement de la Pologne. Car bien que la Pologne soit au départ très hétérogène en terme de population à cause de son histoire pré-1939-1945 (entre invasions, vagues de peuplement et élasticité des frontières...), ce pays est maintenant très homogène : que des blancs dans la rue, c'est un peu différent du RER Paris gare du Nord-Cernay...
En effet, après la deuxième guerre mondiale, de grands mouvements de population en Europe centrale et en Europe de l'est ont eu lieu afin de recréer des Etats-nations ou Etats-peuples. De ce fait, des populations entières ont été replacées dans les frontières européennes nouvellement redéfinies. Ainsi, beaucoup d'Allemands de la Pologne actuelle ou encore de République tchèque ont été déplacés sans qu'on leur ait demandé leur avis, considérés comme les responsables des horreurs qui ont eu lieu durant 6 ans. Des milliers d'individus traversant des milliers de kilomètres, laissant tout derrière eux...
Par ailleurs, l'Holocauste, puis la création de l'Etat d'Israël dans une moindre part (qui a induit un flot de migrations de l'Europe centrale vers le Moyen-Orient) ont réduit la population juive à presque rien, alors que la Pologne était le pays européen abritant la population juive la plus importante (due à sa tolérance et sa non persécution de ce groupe).
Au delà du facteur peuplement, il ne faut pas oublier la relation de la Pologne à l'église catholique romaine durant les siècles. La Pologne est un des seuls pays slaves à s'être converti au catholicisme et à avoir reconnu l'autorité de l'Eglise romaine. Ce qui a entraîné l'adoption de l'alphabet latin et non cyrillique entre autres influences.
Cette relation s'est ensuite renforcée durant la guerre froide quand les communistes cherchaient à réduire l'impact de la religion dans l'URSS. Par esprit de résistance et aussi pour trouver de l'espoir dans les moments difficiles, les polonais se sont encore plus impliqués dans le phénomène religieux. Puis octobre 1978 est arrivé. Et avec lui, un nouveau pape, le premier pape slave : le fameux Karol Wojtyla, Jean-Paul II ou Jan Pawel II. Les polonais se le sont appropriés et sont allé encore plus loin dans leur dévotion autant vis à vis de Dieu que vis à vis de "leur" Pape.
Ainsi, aujourd'hui, la Pologne est très pieuse et très catholique, presque trop. Car c'est souvent un catholicisme "fondamentaliste" très attaché à la parole du Saint Père. C'est le cas pour les croyants, pour le clergé, c'est une autre paire de manches car il est souvent accusé de collusion avec le monde politique (voir le cas de Radio Maryja, connue en Pologne pour son prosélytisme, antisémitisme et son directeur).
Rappelons aussi qu'il n'est pas rare quand on parle avec un polonais de se voir poser la question suivante : "es-tu catholique ?", ou "est-ce que tu vas à l'église ?". Cependant, d'après les discussions que j'ai pu avoir avec des polonais de ma classe d'âge, il s'agirait maintenant plus d'une pression sociale que d'une croyance pure et dure. Ce qui ne m'a pas empêché de voir des polonais bons bringueurs refuser de boire à cause du carême, et aller se coucher avant minuit un vendredi ou un samedi soir.
Pour conclure, on peut dire que le sentiment religieux en Pologne est fort. Surtout dans les générations de plus de 25 ans, mais que la tendance est à se détourner du religieux comme c'est le cas dans une bonne partie de l'Europe occidentale. Mais que l'on se rassure, il y aura encore beaucoup de petits communiants en auges blanches à la sortie des églises en avril-mai pendant de nombreuses années. Et malheureusement, Radio Maryja risque encore de profiter durant un certain temps d'un auditoire relativement large... en tout cas jusqu'à la fin de la présence au pouvoir du PiS ou tout autre parti populiste pouvant soutenir ce genre de média.
1 Comments:
A choisir, plutot expat que touriste, car on ne vit pas une ville de la même manière en étant expat par rapport au touriste.
Perso, je ne subis pas de "contraintes". Au quotidien, cela se traduit surtout par une présence du pape dans les vitrines, ou encore des drapeaux aux balcons lors de la dernière visite du pape ou pour l'anniversaire de la mort du pape. Sinon, c'est l'affluence dans les églises. Il n'est pas rare de voir des gens se signer en passant devant une église ou devant une croix (on trouve des comme à la campagne en pleine ville). Pour le reste, je dirais plutot que ça se traduit par un certain état d'esprit et parfois une certaine étroitesse d'esprit vis à vis de l'anormalité, c'est à dire vis à vis de la déviance par rapport à la norme sociétale (c'est un sujet que je compte traiter dans le prochain post et que j'avais commencer à traiter, mais que j'ai préféré éviter pour ne pas partir dans tous les sens).
By Gaet, at 01 octobre, 2006 21:06
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