Wroclawska 47A/8, Krakow, Poland

16 octobre 2006

La montagne ça vous gagne

...Un de mes titres les plus pourris, il faut bien l'avouer.

Depuis le mois de septembre, je me fais environ une sortie par week-end à la montagne, histoire d'en profiter le plus possible avant que les sommets ne soient bloqués par la neige. Donc en bon Cracovien, je vais à Zakopane qui est LA destination touristique en Pologne si on parle de montagne.

Zakopane est à 80-100 Km au Sud de Krakow, au pied des Tatry, une très belle chaîne de montagnes à l'ouest des Carpates, avec principalement des sommets entre 1900 et 2500m (2499m pour être précis). Les ballades à y faire sont agréables et ouverts à tous les publics, qu'il s'agisse de la petite ballade en forêt ou d'une ballade en ligne de crêtes sur des via ferrata.

D'ici à quelques jours, je devrai avoir les photos du dernier
week-end et d'autres avant. Vous pouvez toujours jeter un oeil sur celles de mai et juillet en attendant.

Ce
week-end, nous avons eu la démonstration qu'en montagne, le temps change vraiment vite. Vous verrez sur les photos le parcours des nuages en 30 minutes de la vallée à 1000m au haut des sommets à 1900m. Impressionnant.

Encore moins d'un mois pour en profiter avant d'enlever les chaussures de rando pour chausser les skis...

Quand je dis que la montagne ça vous gagne.

11 octobre 2006

BNP = Banque Nationale Polonaise

Voilà une série d'images qui a circulé au bureau dans l'usine Valeo d'en face (et oui il y en a 2 sur mon site, une pour les essuies-glaces, une pour les radiateurs auto). Les polonais se marraient bien et notre camarade VIE en face ne comprennait pas trop donc il nous a demandé une petite explication, histoire de se sentir moins bête. Après consultation des collègues polonais pour quelques précisions, nous avons pu lui répondre.

Avant d'attaquer sérieusement, il faut rappeller que les polonais n'ont pas le même humour que les français, et qu'ils apprécient de tourner en dérision leur gouvernement actuel, sûrement parce qu' "il vaut mieux en rire que d'en pleurer", vu les gaffes qu'ils font depuis leur arrivée au pouvoir.
A ce propos, je suis arrivé en Pologne juste après les élections présidentielles, et
tous les gens à qui j'ai parlé étaient dépités par le résultat. L'agent immobilier qui s'est occupé de moi m'a expliqué que les campagnes s'étaient laissées séduire par le populiste Kaczynski du PiS (Parti du Droit et de la Justice), alors que les villes avaient votées pour le libéral Tusk. Depuis, les avis n'ont pas variés sur le fait que l'arrivée au pouvoir du jumeau Kaczynski le plus gaffeur soit une sorte de catastrophe pour la Pologne. Pour mémoire, l'autre jumeau Kaczynski (ne me demandez pas le prénom) est apparemment le cerveau et occupe le poste de premier ministre, après avoir occupé celui de président du parti, et avoir dirigé la campagne électorale.



Là, c'est Lech Walesa, le fameux chef du mouvement syndicaliste Solidarnosc qui est devenu president a la chute du communisme.










Ceci est le président de Radio Maryja (Rydzyk), une station de radio religieuse très prosélytiste et antisémite. Cette station a été rappelée à l'ordre plusieurs fois par le Vatican, et le Pape, lors de sa dernière visite a condamné les collusions d'une certaine classe du clergé avec le pouvoir politique (même si les Kaczynski essaient de s'écarter de Radio Maryja). Il a declare qu'il ne "conduirait pas de vaches", donc du coup, il a 4 mercedes à un million de zlotys piece



A gauche, l'ancien premier ministre, Kazimierz Krzywousty, avec les canards en plastiques Kaczynski (il y a 1 jeu de mot avec Kaczka qui signifie canard). Il y a aussi le symbole IV RP, qui est une allusion au slogan de campagne de Kaczynski : la IVe Republique polonaise, c'est à dire une grande promesse de changement.






Enfin, Andrzej Lepper, chef de Samobrony, connu pour son fondamentalisme et ses convictions religieuses, homophobes, racistes... Mais aussi pour ses grimaces. Il était allie au PiS qui est au pouvoir et a occupé le poste de vice premier ministre, et de ministre de l'agriculture. D'ailleurs, lors de cette nomination au poste de vice-premier ministre, il y a eu une caricature montrant Lepper, puis le premier ministre, puis l'autre vice-premier ministre (le chef de la LPR, ligue des familles polonaises), et en sous-titre pour chaque personnage : "cet homme a le pouvoir". Cela montrait l'absurdité de la décision de désigner 2 vices premiers ministres, dont même l'utilité d'un seul n'était pas évidente... C'était une façon (mal)adroite de sceller des alliances entre PiS, Samobrony et LPR, en promettant à tous des postes importants dans le gouvernement.

10 octobre 2006

Qu'est-ce qu'on mange ?

Sous-entendu, qu'est-ce qu'on mange en Pologne ?
Réponse : des patates, du choux et de la soupe pour avoir chaud en hiver !

Quelques plats typiques, avant d'aller manger, car il est bientôt l'heure (cf. l'heure du post)...

Tout d'abord, les pierogis, qu'elles soient ruskie (à la pomme de terre), ou autre. Ce sont des sortes de raviolis faîtes maison dans le meilleur des cas (il paraît que c'est très long à préparer). Elles sont soit cuites à l'eau comme des gnocchis, soit passées dans un bain d'huile, mais le meilleur reste la cuisson à l'eau. Ca se sert en entrée, mais je trouve ça tellement bourratif que ça peut suffire pour un repas dépassé trois ou quatre pierogis.

Ensuite les soupes. Il y en a beaucoup, mais celles que je préfère, ce sont le barszcz (soupe à la betterave) avec des mini-pierogis dedans, le zurek (soupe de légume avec des morceaux de saucisse et un oeuf dur en morceaux ou pas), la zupa grzybowa (soupe épaisse aux champignons que l'on peut voir servie dans un pain... un régal), et la soupe de tomates avec des pâtes.

Les viandes ne sont pas forcément de première qualité. La plupart du temps, elles sont bouillies, pour des raisons de sécurité alimentaire (enfin, c'était valable avant), et par conséquent, les polonais ont du mal à s'imaginer le côté appétissant d'un steak saignant. Il existe une grande variété de jambons, mais toujours de petite taille, et pas mal de saucisses sèches : les kabanos.

Le fromage polonais est uniquement de l'édam avec une large gamme de nuances mais à côté, il n'y a pas d'autres types de fromage à part le camembert au poivre : une pâte molle dans laquelle on a mis des grains de poivres qui donnent du goût quand on croque dedans... A tester. Par contre, le camembert pané sans les grains de poivres est succulent.

J'oubliais une spécialité au rayon viande : la viande piersowe, c'est à dire la viande martyrisée (ça fait bien rire ma prof de polonais quand j'emploie ce terme). C'est un filet de poulet qu'on aplatit à coups de massue (jusqu'à ne faire qu'un centimètre d'épaisseur), et que l'on grille. La préparation à la massue est très impressionnante et surprenante. Le fait de détruire les fibres de la viande permet, m'a-t-on dit, une cuisson plus homogène.

On peut aussi manger des roladka, morceaux de viandes enroulés autour de légumes. Le côté intéressant de l'affaire est que quand on mange dans une cantine dont la qualité de la nourriture est moins que moyenne, prendre un plat comme ça relève du défi car on découvre les légumes en mangeant ce plat, et ils sont pas forcément très bon...

Les placki valent le détour, ce sont des galettes de pommes de terre frites, entre lesquelles il y a parfois des morceaux de viande, et surtout c'est accompagné d'une sauce.

Il existe beaucoup d'autres plats que je n'ai pas eu l'occasion de tester,
comme les bigos à base de choux, pommes de terre et viande (si je me souviens bien). Le poisson est très bien cuisiné pour les quelques fois où j'en ai pris (et oui, je suis un carnivore).

De quoi parler d'autre ? Les desserts ? Ce sont souvent des gâteaux accompagnés de crème, et un avait les faveurs du pape... Mais celui que j'ai préféré jusqu'ici, à part le tiramisu (plat pas très polonais mais très préparé par eux), ce sont les wafles : les gaufrettes. La mère d'un des mes collègues lui a préparé une fois un gâteau de gaufrettes d'une épaisseur de 4 cm, avec entre chaque gaufrette une sorte de caramel de lait en conserve (le nom en français m'échappe). Un délice !

Enfin pour les petits creux, il y a les zapiekanka, tranches de pain coupées en longueur avec ketchup, fromage, champignons et autres, et les kebabs. Le kebab est fait à base de choux, ogorek (équivalent du concombre), tomate, viande et très peu de frites. C'est aussi une grande expérience sans laquelle on ne peut pas dire qu'on connaît la Pologne ;-).

Smacznego comme on dit au pays.

Des chevaux... oui mais au Kiwi

Seuls les anciens fans du "Monde de monsieur Fred" comprendront cette petite phrase (c'est à dire pas grand monde, à moins d'avoir été adolescent et auditeur de Oui FM il y a environ 8 ans... déjà). Bref, c'était juste une réplique pour le plaisir.

J'ai une petite envie hippique aujourd'hui. Donc parlons des chevaux en Pologne. Petite question : du cheval polonais et du cheval français, lequel parle le mieux la vache espagnole ? Des réponses... Non ? Bon bah on continue. C'est la foire de la blague aujourd'hui.

Bref, je souhaite parler d'un stéréotype plus ou moins répandu à propos des pays de l'est, qui est très vrai pour la Roumanie
(d'après des voyageurs qui en sont revenus vivants ;-) ), et qui rejaillit sur d'autres pays du coin comme la Pologne. Ce stéréotype concerne l'utilisation du cheval et de la 'tite chariotte comme moyen de transport, et cela s'applique moins à la Pologne même si ça reste vrai.

On peut voir de temps en temps de vieux paysans qui vont en ville en charrette avec le cheval de trait, mais ce sont des personnes assez pauvres qui n'ont pas les moyens de s'offrir une voiture et qui n'ont pas le permis de conduire (ou sont trop vieux et infortunés pour pouvoir le passer). Comparé aux récits que l'on m'a fait de ce phénomène en Roumanie, les charrettes polonaises sont très sobres... Ce sont des caisses en bois montées sur des essieux avec roues et pneus, plus une banquette à l'avant pour conduire et une couverture pour se protéger du froid en hiver. Pourquoi est-ce moins folklo que la Roumanie, parce qu'en Roumanie, il paraît qu'il y a des avants de voitures ou de camionnettes à la place de la banquette avant (donc plus de confort).

Ce petit cliché que l'on peut voir environ une fois sur mille (j'ai du voir environ 20 cas en un an), a le mérite de bloquer la circulation. Et en général, s'il y a un ralentissement sur un route, on peux penser qu'il y a un vieux avec son cheval devant, ou alors ce sont des travaux sur la route.

Je me rappelle de la première fois où j'ai vu cela (la charrette). C'était en allant au boulot en bus, à l'arrivée à Skawina. Il y a une grande descente après une côte, puis un plat en coude (à la sortie du coude se trouve mon arrêt), puis un pont surélevé au-dessus de la voie ferroviaire, et après il y a Skawina, son église, sa place, sa gare et son Zapiekanka (le meilleur de tous). Le pauvre vieux a bloqué la route depuis le haut de la côte jusqu'à Skawina je pense, voire même après... Et il essayait de pousser son pauvre cheval à aller plus vite, car derrière il y avait un bon cortège de voitures qui attendait le prochain espace pour doubler. C'était marrant de voir cet anachronisme entre la voiture, moyen de transport du XXe siècle (maintenant du XXIe), et le cheval, moyen de transport d'un autre siècle.

Petit détail qui me revient : le cheval est toujours placé à gauche de l'attelage, car il y a de la place pour deux animaux, mais toujours un seul cheval pour tirer la charrette... D'où le mal qu'a le cheval à faire avancer le tout, et une tendance à tirer la bride vers la gauche, sans parler de la démarche légèrement en crabe.

Il m'arrive de temps en temps de voir passer dans ma rue tard le soir des calèches qui servent pour les touristes sur le Rynek, c'est assez impressionnant de voir passer un de ces véhicules sortant du brouillard, venant d'on ne sait où et allant on ne sait encore moins où. Ca pourrait presque prendre des allures de films de Tim Burton si les calèches étaient noires et roulaient à toute vitesse.

Morale de l'histoire : ne vous attendez pas à voir des charrettes partout si vous venez en Pologne, vous n'aurez la chance d'en voir que par hasard et seulement dans les campagnes. D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, on a vu un paysan labourer son champ avec un cheval... rare, très rare, c'est une scène vue au milieu des montagnes, à côté de la voie ferrée qui mange les terres arables au beau milieu de la vallée.

08 octobre 2006

Krakau - Bamako

Je m'étais fixé comme programme d'écrire sur le racisme, après avoir écrit sur la ferveur religieuse polonaise. Pour ne pas mélanger les sujets, et éviter les amalgames et les stéréotypes comme le polonais est ultra-catholique, raciste et homophobe (ce sera le thème du prochain post). Et l'expérience que j'ai faîte vendredi soir m'a conforté dans cette volonté de ne pas créer les faux stéréotypes.

La Pologne, par tradition, est plus un pays d'émigration que d'immigration. La Pologne n'a pas eu de colonies sur d'autres continents (comme cela peut être le cas de la France ou du Royaume-Uni), et n'a pas suscité de flux d'immigration de main d'oeuvre étrangère par une croissance après-guerre, et même aujourd'hui, il y a toujours émigration malgré une économie en pleine expansion.
Prise dans le giron de l'URSS, elle s'est retrouvée coupée du monde (autre que soviétique) pendant 40 ans. Ce qui n'a pas aidé à habituer les polonais à la diversité de "couleur".
Donc en Pologne, comme dans tous les pays d'Europe centrale ou d'Europe de l'est, la population est majoritairement blanche. Les minorités "visibles" y sont facilement repérables. En effet, je pense que le ratio est d'environ 1 pour 10 000, voire plus. Et en l'espace de presque un an, j'ai du voir moins de Noirs que dans une rame de RER faisant Paris Gare du Nord - Cernay.
Ainsi, la majorité des polonais, même s'ils ne se considèrent pas comme raciste, tiquent face à la différence et à l'odeur (de l'aveu de ma chef par rapport au fait de se retrouver seule dans une salle avec le seul Noir de notre usine). Et cela touche malheureusement même les polonais très ouverts, dont par exemple une voisine de bureau qui parle très bien français, qui a été testé sur les endroits où elle aimerait bien vivre par un collègue, et qui n'a pas approuvé sa volonté de vivre en Afrique, à cause des "gens".
On peut qualifier ce racisme de racisme latent car à part certains jeunes cons sûrement trop ouverts aux idées d'extrême droite, la réaction normale des polonais dans la rue, est l'indifférence, même si beaucoup n'apprécient pas de les voir. Et on m'a montré une fois, l'entrée d'une "boîte pour Noirs", qui est en fait une boîte où se joue du hip-hop, et où en effet, on peut rencontrer des Noirs car c'est un des endroits où il n'y a aucune discrimination à l'entrée (même si ce problème de discrimination à l'entrée ne touche, de façon certaine, que quelques clubs).

Mais ne généralisons pas car j'ai la chance de sortir avec des polonais qui ont l'air de mieux accepter la différence, puisqu'ils ont accepté une polono-guinéenne dans leur groupe. Et elle les a intégré dans son propre cercle. Du coup, j'ai été invité par ces Polonais à la soirée d'ouverte d'un bar africain, le "Kumassay". Et là en une soirée, j'ai rencontré au moins une rame entière de RER... Et j'ai passé une très bonne soirée où seuls les Polonais se cherchaient des problèmes entre eux.

Pour finir sur le racisme, il paraît aussi qu'il y a beaucoup d'antisémitisme, mais je n'en pas vu de manifestation à part des étoiles de David taguées sur les murs de Kazimierz (le quartier juif) et les propos radiodiffusés par Radio Marjya, soutenue par les parties populistes et d'extrême droite, mais qui ne touchent qu'une certaine tranche de la population polonaise (principalement non urbaine d'après ce que j'ai pu comprendre).

Nota : je suis en train de lire "Dans la peau d'un Noir" de John Griffin que je recommande vivement.

Comment les Français voient-ils la Pologne

Un petit article sur la vision réciproque des français et des polonais trouvé sur un site franco-polonais.

02 Octobre 2006 - 03:50

Comment les Français voient-ils la Pologne

Voici la question : comment les Français perçoivent-ils la Pologne ? et vice-versa….
L’Institut des Affaires Publiques vient de publier, il y a quelques jours, les résultats d’un sondage, effectué en France et en Pologne pour la deuxième fois déjà.
Le premier date de 2000 et à l’époque, pas si éloignée que ça, le Français moyen, interrogé sur la Pologne, répondait : pauvreté, chômage, problèmes économiques, certains parlaient de la 2ème guerre et des camps de concentration, de Solidarité et Walesa, de Jean-Paul II et du catholicisme.
Cette vision a radicalement changé en 2006. Pour les Français, la Pologne c’est l’Europe désormais. Certains, un peu plus de 10 %, mentionnent encore la pauvreté et le chômage, mais ils sont déjà 9 % (contre 6 il y a 6 ans) à dire que la Pologne est un pays qui se développe, qui change.
En bref, aux yeux des Français, la Pologne n’est plus un pays arriéré, mais un pays dynamique, en pleine mutation.
De même, la vision française de Polonais moyen évolue aussi. La plupart des Français interrogés accepteraient un voisin, un ami polonais, voire un gendre, belle-fille. Ils sont 97 % à considérer les Polonais comme travailleurs, croyants (92 %), sympathiques (90 %), 44 % considèrent que les Polonais abusent de l’alcool.

Et comment le Polonais moyen perçoit-il la France ? La France est synonyme de culture, arts, monuments historique et aussi cuisine.
Sab

01 octobre 2006

Le sentiment religieux en Pologne

Qu'est ce que le sentiment religieux en Pologne ?
Formulation sûrement maladroite pour parler de la grande foi qui existe en Pologne. Et spécialement dans la terre de Jean-Paul II, car Cracovie n'est qu'à 40 Km de Wadowice, patrie du Pape défunt (que les polonais appellent "Notre Pape"). Pour l'anecdote, l'aéroport de Cracovie, situé dans le village de Balice s'appelle Balice - aéroport international Jean-Paul II.

Pourquoi aborder ce sujet ?
A cause du nom de l'aéroport... Plus sérieusement, parce que la Pologne actuelle est composée à 98% de catholiques pratiquants. Les 2% restants sont des orthodoxes, protestants et juifs, plus une toute petite poignée d'athées. Ces statistiques varient légèrement selon les sources mais la tendance reste la même, à savoir une majorité écrasante de catholiques pratiquants (dernier point à souligner, car en France, selon les statistiques 55% de la population est non pratiquante, et 75% de la population est croyante).

On peut trouver les raisons de cette forte homogénéité religieuse dans le peuplement de la Pologne. Car bien que la Pologne soit au départ très hétérogène en terme de population à cause de son histoire pré-1939-1945 (entre invasions, vagues de peuplement et élasticité des frontières...), ce pays est maintenant très homogène : que des blancs dans la rue, c'est un peu différent du RER Paris gare du Nord-Cernay...
En effet, après la deuxième guerre mondiale, de grands mouvements de population en Europe centrale et en Europe de l'est ont eu lieu afin de recréer des Etats-nations ou Etats-peuples. De ce fait, des populations entières ont été replacées dans les frontières européennes nouvellement redéfinies. Ainsi, beaucoup d'Allemands de la Pologne actuelle ou encore de République tchèque ont été déplacés sans qu'on leur ait demandé leur avis, considérés comme les responsables des horreurs qui ont eu lieu durant 6 ans. Des milliers d'individus traversant des milliers de kilomètres, laissant tout derrière eux...
Par ailleurs, l'Holocauste, puis la création de l'Etat d'Israël dans une moindre part (qui a induit un flot de migrations de l'Europe centrale vers le Moyen-Orient) ont réduit la population juive à presque rien, alors que la Pologne était le pays européen abritant la population juive la plus importante (due à sa tolérance et sa non persécution de ce groupe).

Au delà du facteur peuplement, il ne faut pas oublier la relation de la Pologne à l'église catholique romaine durant les siècles. La Pologne est un des seuls pays slaves à s'être converti au catholicisme et à avoir reconnu l'autorité de l'Eglise romaine. Ce qui a entraîné l'adoption de l'alphabet latin et non cyrillique entre autres influences.
Cette relation s'est ensuite renforcée durant la guerre froide quand les communistes cherchaient à réduire l'impact de la religion dans l'URSS. Par esprit de résistance et aussi pour trouver de l'espoir dans les moments difficiles, les polonais se sont encore plus impliqués dans le phénomène religieux. Puis octobre 1978 est arrivé. Et avec lui, un nouveau pape, le premier pape slave : le fameux Karol Wojtyla, Jean-Paul II ou Jan Pawel II. Les polonais se le sont appropriés et sont allé encore plus loin dans leur dévotion autant vis à vis de Dieu que vis à vis de "leur" Pape.

Ainsi, aujourd'hui, la Pologne est très pieuse et très catholique, presque trop. Car c'est souvent un catholicisme "fondamentaliste" très attaché à la parole du Saint Père. C'est le cas pour les croyants, pour le clergé, c'est une autre paire de manches car il est souvent accusé de collusion avec le monde politique (voir le cas de Radio Maryja, connue en Pologne pour son prosélytisme, antisémitisme et son directeur).
Rappelons aussi qu'il n'est pas rare quand on parle avec un polonais de se voir poser la question suivante : "es-tu catholique ?", ou "est-ce que tu vas à l'église ?". Cependant, d'après les discussions que j'ai pu avoir avec des polonais de ma classe d'âge, il s'agirait maintenant plus d'une pression sociale que d'une croyance pure et dure. Ce qui ne m'a pas empêché de voir des polonais bons bringueurs refuser de boire à cause du carême, et aller se coucher avant minuit un vendredi ou un samedi soir.

Pour conclure, on peut dire que le sentiment religieux en Pologne est fort. Surtout dans les générations de plus de 25 ans, mais que la tendance est à se détourner du religieux comme c'est le cas dans une bonne partie de l'Europe occidentale. Mais que l'on se rassure, il y aura encore beaucoup de petits communiants en auges blanches à la sortie des églises en avril-mai pendant de nombreuses années. Et malheureusement, Radio Maryja risque encore de profiter durant un certain temps d'un auditoire relativement large... en tout cas jusqu'à la fin de la présence au pouvoir du PiS ou tout autre parti populiste pouvant soutenir ce genre de média.